Facebook a 7 ans. Youtube en a 6. Flipboard devrait bientôt souffler sa première bougie… A cet âge là, nous rampions encore en barboteuse, et nos mamans raclaient la gouttière de nos serviettes en plastique. Mais Facebook a déjà 500 millions d’utilisateurs et serait estimé à 50 milliards de dollars, Youtube se voit déverser plus de 24h de nouvelles vidéos par minute, Flipboard a récemment réussi une levée de fonds 50 millions de dollars ce qui porte la valeur de l’entreprise à 200 millions de dollars alors que le journal LeMonde vaut 100 millions. A titre de comparaison, LeMonde, c’est 644 employés, contre 32 pour Flipboard…
Un des facteurs qui explique ce phénomène de bébés géants, c’est le fait que pour une entreprise internet, le marché est d’emblée mondial.
Il n’y a qu’à écouter les remarques des grands Venture Capitalists ; avez-vous prouvé une certaine « traction » ? Votre concept est-il « scalable », c’est à dire est il facile à étendre au marché mondial ? Si oui, il y a des chances que vous receviez quelques biftons. Un des premiers conseils que vous recevrez alors sera de vous internationaliser.
Dans le domaine de l’internet, les coûts d’entrées dans un nouveau marché sont souvent très faibles, les échecs peu coûteux et les structures peuvent être rapidement mises en place. Le seul vrai obstacle est l’existence ou non sur le territoire de concurrents sérieux. Mais parfois, cela peut être une opportunité facilitant l’expansion, comme nous l’a démontré Groupon en rachetant Citydeal pour attaquer le marché européen. Bien que l’ardoise fut salée, l’enjeu en valait la chandelle. Groupon a bien réussi son coup, sans parler de Citydeal qui touche le pactole pour son imitation.
Ces entreprises mondialisées ont aujourd’hui une place prépondérante dans la vie de milliards d’êtres humains. Elles disposent de-facto d’un pouvoir politique et social non négligeable, sans compter qu’elles détiennent parfois plus d’informations personnelles que l’administration de votre propre pays. Opérant à l’échelle mondiale, elles peuvent facilement contourner les lois fiscales et sociales qui ne les avantagent pas et peuvent faire pression sur les différents gouvernements.
Ces entreprises sans frontières pourraient bien devenir des acteurs tout aussi importants que les nations de ce monde. Pourtant elles sont dirigées par une poignée de personnes et ne sont pas soumises aux contraintes de la démocratie.
Les enjeux sous-jacents sont considérables. un article publié sur le blog le tigre souligne le phénomène de privatisation actuel du web. D’une architecture en réseau, reposant en bonne partie sur l’open source et le peer to peer, on passe à un web structuré par de grands acteurs privés comme Facebook, Google où Twitter pour ne citer que ceux là.
Ne nions pas que les fonctionnalités offertes par ces plateformes sont impressionnantes. Sans cela, pas de succès. Et nous aurions beau jeu de vouloir tout foutre en l’air alors même que nous utilisons ces plateformes. nous allons même jusqu’à en vanter les mérites régulièrement (Comment bien chercher sur Google, 10 outils Google pour tuner votre site web) mais il est tout de même important de comprendre les dangers potentiels induits par ce phénomène.
Nous sommes peut être en train de passer du règne des états-nations à celui des entreprises nations. Cela ne m’étonnerait pas de voir d’ici quelques décennies les gens descendre dans la rue non pas pour faire tomber un dictateur, mais pour faire tomber un PDG ou exiger des réformes de la part des grandes entreprises. Ce qui est clair, c’est que dans un tel univers, les problématiques de transparence mises au grand jour par wikileaks sont essentielles.