Les Communautés – 2) Communautés homogènes, communautés hétérogènes

La semaine précédente, nous avons ausculté les stratégies d’ouverture des communautés. Aujourd’hui, nous nous intéressons à notre deuxième volet ; la diversité des membres.

Puisque une communauté est un organisme vivant, qui cherche à croitre, à prospérer et à transmettre, il n’est pas idiot de s’aventurer dans le champ de la biologie pour tenter de comprendre les communautés. Et si je comparais le niveau d’ouverture des communautés à leur organe reproducteur, la question de la diversité touche à leur patrimoine génétique.

communautés homogènes communautés hétérogènes

 Un peu de biomimétisme

Certaines espèces de lézard sont capables de se reproduire sans fécondation des deux sexes, ce phénomène s’appelle la parthénogénèse. Si une femelle ne trouve pas de mâles dans les parages, elle peut être capable de produire des oeufs autofécondés, quasiment des clones d’elles-même !

A court terme, ce moyen de reproduction est beaucoup plus efficace, car comme le souligne wikipédia  » la production d’individus mâles par rapport à celle d’individus femelles constitue une perte énergétique importante. En effet, les femelles en règle générale fournissent la plus grande partie de l’énergie nécessaire à la reproduction sexuée. Or cette énergie fournie pour le développement d’un nouvel individu participe en partie à générer des mâles qui eux-mêmes ne seront pas capable de produire directement de nouveaux individus. »

Honnêtement -et ça ne m’arrange pas de le dire- le mâle semble être produit en excédent chez presque toutes les espèces !

Evidement, il s’agit en pratique d’un surplus utile car, à la première épidémie venue, les membres de l’espèce se retrouvent avec des codes génétiques tellement proches qu’ils y passent tous, étant vulnérables aux mêmes symptômes !

L’espèce vivante se reproduisant par fécondation mâle/femelles, comme une communauté diversifiée, investissent en quelque sorte dans le futur en se privant à court terme de ressources afin de s’assurer une meilleure résilience dans un temps long

Les biologistes remarquent également qu’il y a une plus grande diversité génétique chez les espèces généralistes amenées à évoluer dans des environnements différents. De même pour les espèces évoluant dans des environnements riches et complexes.

Si l’on transpose ces histoires de lézard à notre sujet, on peut comparer la diversité génétique des espèces en diversité sociale des communautés. Les communautés sont donc toujours en train d’abriter entre des efforts de convergence sociale (apprentissage des acquis existants, construction et défense de bases communes, organisation d’expériences communes …) et des efforts de diversification sociale (liberté individuelle, autodétermination, innovation, autonomie des membres…).

Il y a un juste dosage à trouver dans le niveau d’homogénéité d’une communauté. Ce dosage n’est pas unique et dépend de facteurs exterieurs comme les conditions environnementales, le niveau de pression auquel elles sont soumises ou leur concentration géographique.

Communautés homogènes

En règle générale, une certaine homogénéité est bonne pour une communauté; elle réduit les dépenses d’énergie internes, elle la rend plus capable d’actions communes, elle tend à créer des communautés ayant à la fois plus de valeur partagées mais également une identité et des intérêts similaires et une plus grande solidarité interne.

L’armée est un exemple de corps social qui axe très fortement ses efforts vers la convergence afin de rendre ses membres le plus homogène possible. Cela se comprend car une armée est faite pour faire face à une menace claire et agir « comme un seul homme ». Les membres doivent être totalement solidaires, transmettre des messages le plus clairement et rapidement possible et éviter les frictions dans les chaines de commandement.

Avantages :

  • Réduit les dépenses d’énergie et les frictions internes
  • Sentiment d’appartenance très fort entre les membres
  • Efficace pour se mobiliser fortement et rapidement face à un problème connu

Inconvenients :

  • difficultés à innover et à s’adapter à des problèmes nouveaux
  • difficultés d’intégration et de tolérance de nouveaux membres
  • Risques de figer la communauté

divergeance

Communautés Hétérogènes

La diversité en revanche est un atout indispensable sur le long terme. Elle permet à la fois de générer en permanence des améliorations (techniques, sociales, politiques) et d’assurer d’avoir plus rapidement des réponses à des problèmes nouveaux.

Les membres d’une communauté hétérogène sont très différents entre eux mais se sentent tout de même appartenir à un même ensemble. Ces différences entrainent inévitablement quelques frictions car les membres ne se comprennent pas toujours facilement, et ne perçoivent pas les choses de la même façon. Elles doivent endurer d’inévitables épisodes chaotiques comme prix à payer à l’innovation.

Les régimes parlementaires passent leur temps et dépensent une énergie considérable à tenter de s’ajuster, d’accorder des conceptions et des intérêts différents. Tout cela est souvent très poussif et parait parfois contre productif mais ces régimes ont montré leur efficacité et leur supériorité à long terme par rapport à des régimes autoritaires.

Une communauté a donc besoin de produire des individus uniques si elle veut perdurer. Ceci est d’autant plus vrai si elle évolue dans un environnement complexe et instable.

Avantages :

  • meilleure résilience à long terme
  • capacité d’amélioration importante
  • plus grande facilité d’intégration des membres

Inconvénients :

  • Dépense permanente d’énergie et de ressources dûes aux frictions, test et ajustements permanents
  • Difficulté de mobilisation et de concentration des forces dans un but précis
  • Risque de perte du sentiment d’appartenance

 

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