Mutinerie continue l’exploration des valeurs centrales du coworking. Après nous être penchés sur la Durabilité, nous abordons la valeur Communauté. Cette série d’article s’inspire du travail d’Alex Hillman, co-fondateur de l’Indy Hall de philadelphie.
Community first
Lorsque Alex Hillman dit que la priorité dans un espace de coworking c’est la communauté, il faut prendre cela dans les deux sens; c’est une priorité en terme d’importance stratégique et une priorité chronologique.
Un espace de coworking n’est que l’expression physique d’une communauté de valeur, de travail, de vie…
C’est pourquoi, lorsque l’on cherche à fonder un espace de coworking, il faut d’abord commencer par réunir une communauté pour ensuite lui proposer un espace approprié. Votre travail de créateur sera de procurer à cette communauté un espace qui lui ressemble et qui lui permettra de vivre et de croitre selon ses attentes, ses besoins et ses valeurs. Il serait inapproprié de débuter l’activité de coworking dans le sens inverse; d’abord ouvrir un lieu et attendre que les gens s’y rendent. Le risque c’est de ne pas correctement répondre aux attentes des membres et de transformer son espace en un centre d’affaire flexible où les conditions d’échanges, de partage et d’interactions ne sont pas remplies…
Un patrimoine commun
Lors d’un article précédent sur la vie des communautés, nous avions vu que celles-ci naissaient lors de l’apparition d’un patrimoine commun.
Ce patrimoine commun signifie le partage de certaines valeurs, de rituels, de moments ou d’expériences…
Pour ceux qui lancent un espace, cela implique qu’une partie de leur travail sera d’identifier et de rassembler ces gens qui partagent (ou qui souhaitent partager) quelque chose. Il est donc nécessaire de sélectionner les membres, non pas uniquement sur le niveau d’avancement de leur projet mais sur l’intention et la capacité des nouveaux venus à échanger sincèrement avec les autres.
Evidement, ce patrimoine commun, c’est aussi le lieu. C’est pourquoi il est indispensable que l’espace soit, lui aussi très facilement appropriable par les membres. Dans l’idéal, le lieu doit être modulable et adaptable afin que les idées, les talents, les univers de chacun puissent s’y inscrire jusque dans les murs.
Une erreur commune serait de vouloir bien faire en créant un lieu trop figé, trop soigné et en quelque sorte trop « fini ». Mais dans ce genre d’endroit, pensé dans les moindres détails par quelqu’un d’autre, dans lequel vous ne pouvez imaginer modifier quoi que ce soit sans défigurer l’ensemble, ne trouvez-vous pas difficile de vous sentir parfaitement à l’aise ? Alors pourquoi ne pas laisser les membres apporter des éléments de déco, laisser les coworkers doués repeindre quelques pans de murs ou modifier l’agencement de l’espace ?
La communauté ne vous appartient pas
Si vous avez lu les lignes précédentes, vous comprendrez sans peine que la communauté ne vous appartient pas.
Vous pouvez posséder un lieu, pas la communauté ; vous en faites partie comme les autres coworkers.
Pour Alex Hillman, il n’est pas forcément nécessaire d’être un leader de la communauté mais il faut se préparer à en être un membre actif. Alex préfère largement venir à Indy Hall comme simple membre plutôt que comme propriétaire des lieux. Car on oublie trop souvent de dire que les propriétaires des lieux bénéficient eux aussi des mêmes avantages que leurs membres car ils en sont eux aussi.
Pas de communauté forte sans confiance
Si les relations entre les membres sont comme les tendons qui permettent à la communauté d’avoir de la cohérence, la confiance représente les muscles qui la rendent forte et saine
Alex Hillman
Pour que s’établisse cette confiance au sein du groupe, il faut commencer par faire soit-même confiance. Il faut aussi savoir faire confiance à l’auto-sélection. Pour provoquer cette auto-sélection positive, communiquez fortement vos valeurs, avec votre style, accordez une grande importance aux premiers membres; ce sont eux qui donneront le ton et qui attireront d’autres personnes dignes de confiance… et ne faites pas concessions sur le fond.
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